On l’avait annoncée, on l’avait reportée, elle a finalement eu lieu le mardi 8 mars en soirée: l’inauguration officielle du Centre d’Animation des Paysages !

Lors de cette soirée dinatoire, nous avons eu l’occasion de faire découvrir cet outil pédagogique, unique en Wallonie, pour mieux comprendre l’évolution de nos paysages condruziens à travers tout un dispositif d’animations interactives. D’abord conçu pour les jeunes (de 10 à 14 ans), il s’adapte facilement à différents publics intéressés par une meilleure compréhension de notre cadre de vie.

Les discours d’accueil ont été rehaussés de la présence du Ministre de l’Aménagement du Territoire Willy Borsus (pour rappel, le SPW Territoire soutien financièrement le projet).

Nous avons terminé la soirée par une courte conférence de Dimitri Belayew, expert et formateur en analyse paysagère, partenaire du GAL dans la fiche-projet Paysages.

Et, pur bonheur, le passage en code orange a permis de rassembler une soixantaine de personnes non-masquées.

Un lieu pour mieux connaître le Condroz et construire les paysages de demain

Le GAL Pays des Tiges et Chavées ASBL entreprend des actions de développement rural durable depuis 20 ans sur les communes d’Assesse, Gesves et Ohey. Les projets du GAL sont co-financés par l’Union Européenne (Fonds LEADER), la Wallonie et les trois Communes partenaires.

Depuis cinq ans, un des axes de travail du GAL porte sur les paysages, avec le soutien du SPW Territoire, dans le sillage de la Convention Européenne du Paysage, ratifiée en 2001 par la Wallonie. L’objectif est de mieux faire connaître les raisons qui font du territoire « entre tiges et chavées » un cadre de vie si exceptionnel. L’idée est donc de dépasser l’évaluation esthétique (toute personnelle) pour y découvrir des traces d’activités humaines, récentes et anciennes, qui permettent de mieux comprendre l’organisation actuelle de nos espaces, en milieu rural. Les participants repartent avec des notions qui alimenterons leurs futures positions et décisions territoriales.

Une série d’activités ont été ponctuellement organisées avec différents publics cibles (écoliers, citoyens engagés, commissions consultatives, élus, …) à différents endroits du territoire, pour en valoriser l’héritage culturel et paysager. La démarche permet de soulever une série de questions, telles que : pourquoi nos villages sont-ils toujours positionnés en milieu de pente ? Pourquoi le parcellaire agricole est-il partagé entre cultures et pâtures ? Pourquoi la forêt est-elle morcelée ? L’église est-elle toujours au milieu du village ? Pourquoi certaines zones sont-elles exclusivement agricoles ? Pourquoi l’étalement résidentiel n’est-il pas uniforme d’un village à un autre ? Les haies ont-elles toujours eu le même rôle ? Pourquoi cet arrêt de bus en « rase » campagne ? Pourquoi la plupart des vergers ont-ils disparus ? C’est quoi le vicinal ? etc.

Chacun peut trouver seul des réponses à ces questionnements mais elles seront souvent lacunaires. En groupe, avec de bons outils d’analyse, et accompagné d’un médiateur, les réponses partielles se consolident, s’enrichissent et reflètent la complexité d’une dynamique d’occupation et d’usage de notre territoire, enclenchée depuis l’aube de l’Humanité.

L’ambition a alors été de créer un véritable lieu d’apprentissage permanent de la démarche. Et ainsi permettre aux participants de prendre conscience que les paysages constituent un sujet puissant pour parler de notre cadre de vie et des enjeux de société. Il n’y a pas un « avant » et un « maintenant ». Il y a un « espace de vie » en perpétuel changement, partagé, à gérer collectivement, continuellement, pour en préserver la qualité. La nouvelle génération, les enfants de 10 à 14 ans, s’est donc naturellement présentée comme le cœur de cible de ce lieu d’apprentissage, tout en restant très intéressant pour les adultes. Le défi était de créer un dispositif d’animation qui mette les participants en action et en interrogation sur les paysages vécus par nos ancêtres, en vue de construire ceux qu’ils vivront eux-mêmes « demain ».

Pour ce faire, nous avons travaillé pendant plus de trois ans, avec plusieurs partenaires scientifiques et pédagogiques (Prehistomuseum, Archéolo-J, Paysages Expertise et Formation) pour concevoir ce Centre d’Animation des Paysages condruziens, hébergé dans un local mis à disposition par la Commune de Gesves.

L’expérience se fait en groupe avec une découverte à l’extérieur, sur un parcours de 3 km, des paysages humanisés qui entourent Goyet : village, cultures, pâtures, bois, … Ensuite, l’expérience se prolonge à l’intérieur pour « voir l’invisible ». Pendant l’animation, les participants se répartissent en cinq petits groupes pour découvrir progressivement la vie quotidienne d’une famille et le paysage qu’ils devaient avoir à l’une des époques explorées : Paléolithique/néolithique, Gallo-romains, Moyen Age, Temps Moderne ou tout au début de l’Epoque Contemporaine.

Un temps de synthèse et d’échange conclut la matinée, grâce à deux autres dispositifs. D’un côté, une fresque « chronopaysagère » géante déployée sur les murs présente l’évolution des paysages du Condroz, depuis Neandertal jusqu’à nos jours, en 10 panneaux. De l’autre, une grande maquette du relief permet de prendre de la hauteur, de connecter le Pays des tiges et chavées aux territoires voisins et de mieux visualiser les interactions spatiales entre milieux rural et urbain. Les activités peuvent se compléter avec un moment plus créatif au cours duquel les participants sont invités à dessiner leur vision du « Condroz en 2050 ».

L’encadrement des animations est assuré soit par des paysaguides, des citoyens du territoire passionnés formés en 2018 par le GAL, soit par des médiateurs du Prehistomuseum qui organise aussi les visites des Grottes de Goyet, voisines du Centre d’Animation des Paysages. La combinaison des activités « CAP + Grottes » est recommandée pour une journée d’exploration.
C’est aujourd’hui le début d’une nouvelle aventure pour les paysages du Condroz qui partent durablement à la rencontre de tous ceux qui s’interrogent sur l’évolution, la construction et le futur de leur cadre de vie entre tiges et chavées.

« Montre-moi tes paysages et je te parlerai de ton cadre de vie »

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